Nos ancêtres les Gaulois
Publié le 21 Septembre 2016
« Nos ancêtres les gaulois »… Sarkozy a osé… le populiste, le nauséabond, le nazi !
La quasi intégralité des médias et des politiques, depuis l'inénarrable gauche "padamalgame" à la désespérante droite honteuse, lui sont tombés dessus... « abraracoursix »…
Ont-ils fait semblant de ne pas comprendre ? Par calcul, par cynisme, par tartuferie ? Sont-ils sincèrement horrifiés qu’on puisse ainsi faire référence à une telle contre-vérité historique ?
Nos ancêtres, en tout cas pour une part, ne sont bien évidement pas tous Gaulois. Sur un plan purement ethnique, ils le sont probablement encore en majorité, mais peut-etre plus de beaucoup. Il faut dire qu’il y a eu, depuis la chute d’Alésia et dans l’ordre, les romains, les francs et autres barbares, les maures, les italiens, les polonais, les espagnols, les portugais et, depuis, 40 ans, les nord et noirs africains. Oh, certes, il ne faut pas exagérer l’ampleur de certaines migrations. Ni les romains, ni les barbares (y compris les francs) n’était bien nombreux. Quant aux italiens et polonais, beaucoup sont repartis. Mais l’immigration de masse subie depuis le septennat de Giscard a changé la donne, dans des proportions inconnues jusqu’alors. Nos ancêtres, c’est un fait, ne sont ainsi pas tous Gaulois.
Alors quoi ? Sarkozy est-il à ce point ignorant ?
L’expression tant honnie fait référence à Lavisse, historien de la IIIème république exaltant le roman national. Référence encore utilisée sous la 4ème république, pourtant peu suspecte aux yeux de la moderne bien-bien-pensance.
Ce que dit en réalité notre ancien président, c’est que, malgré l’origine diverse des français, une assimilation réussie suppose une appropriation par l’immigré du roman national Lavissien. Bien-sûr, Il sait parfaitement que les ancêtres de beaucoup de nos compatriotes ne sont pas « Gaulois ». Il a seulement usé de la métaphore, figure stylistique somme toute classique mais apparemment ignorée de beaucoup (réellement ou à dessin), même de notre chère ministre de l’éducation nationale.
Sarkozy fait pourtant l’éloge de ce qui, pendant des siècles et au moins depuis la révolution, est une spécificité de notre république et qui ne faisait pas débat jusqu’aux années 60-70. La république française est une nation, une et indivisible, qui ne connait pas les communautés et qui a donc (attention, autre mot honni), une seule et même identité. Cette force assimilatrice a pour corollaire l’égalité. Nous sommes tous des citoyens français, égaux en droit. Nous appartenons à une seule et même communauté. Mais pas une communauté hors sol, désincarnée, sans substance. Un groupe avec une langue, une culture, une histoire. C’est ce que voulait dire Lavisse. C’est ce qu’a voulu dire Sarkozy. Chaque français doit pouvoir s’émerveiller au récit des épopées de nos héros, pleurer à l’évocation de nos défaites. Tout assumer, comme disait Napoléon, de Clovis au Comité de Salut Public.
Nos ancêtres les Gaulois… C’est se sentir tous enfants des même parents, malgré nos origines biologiques diverses. L’idée, pourtant, est belle. Elle ne devrait pas faire polémique. Aussi belle que la vision d’un français d’origine étrangère chantant la marseillaise. Car voyez-vous, quand je vois un français "de souche" l’entonner, je trouve cela bien. Quand je vois un français "d'origine étrangère" faire de même, je trouve cela beau. Il m’arrive même d’en pleurer. Il chante la gloire et les tourments de notre pays. De son pays. Il s’en sent solidaire. Il est notre frère, notre semblable, notre compatriote. Bref, ses ancêtres sont devenus Gaulois. Il n’y a pas de quoi en rire ou s’en offusquer. Il y a juste de quoi s’en émerveiller.
Certains ont-ils tellement d’amour pour l’autre, la différence, l’altérité, qu'ils en viennent à se détester eux même ? La référence à ce qui nous unit (notre langue, notre histoire) devient-elle pour eux moins vertueuse que la référence à ce qui nous sépare (nos origines diverses)? Ce que la bien-pensance aime tant chez l’« autre », l’immigré, l’étranger, qu’il soit malien, arabe ou papou, c’est-à-dire ses racines, sa culture, son histoire, cette même bien-pensance l’interdit-elle à nous autres, français ? C’est ce que Finkielkraut appelle... l’identité malheureuse.
Nos ancêtres les Gaulois… formule sublime, formule hypocritement incomprise.