Fillon... ou la guerre...

Publié le 22 Mars 2017

En ces temps particulièrement troublés d’élection présidentielle, chaque français ne devrait avoir qu’une seule et unique préoccupation. Non pas le prix des costumes de François Fillon, ni s’il faut, avec Macron, « penser printemps » (1). Non. L’unique préoccupation devrait être la dette de la France, fardeau de plus en plus pesant et qui désormais menace le pays d’un impitoyable écrasement. La dette, toujours la dette, rien que la dette.

 

L’indépendance de l’Amérique, la dette, le chaos

 

Le 9 vendémiaire an VI (30 septembre 1797), le Directoire faisait voter, au titre de la loi de finance, la banqueroute dite « des 2/3 ». Pour la dernière fois à ce jour, la France se déclarait en « banqueroute », c’est-à-dire dans l’impossibilité de rembourser ses créanciers. Elle effaçait ainsi, d’un trait de plume léger, une partie substantielle de sa dette. Il s’agissait du piteux épilogue d’une histoire particulièrement mouvementée qui avait conduit la France sur le chemin d’un endettement public devenu colossal, jusqu’à en devenir insupportable. Une dette dont le montant avait littéralement explosé au moment de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, 7 ans auparavant. La France avait courageusement sauvé l’Amérique, mais au prix d’un gigantesque désastre financier. On l’oublie souvent, la dette ainsi accumulée devint, sinon la cause unique, la cause essentielle de la Révolution Française qui jeta le pays, durant une décennie, dans un véritable chaos.

 

Bien d’autres issues furent pourtant explorées pour tenter de faire face. Sous Louis XVI, les ministres valsèrent, les uns prônant la rigueur, comme Turgot, les autres lâchant du lest, comme le calamiteux Necker. La fameuse réunion des « états généraux », qui mit littéralement le feu aux poudres en mai 1789, s’inscrit précisément dans ce contexte. Il paraissait nécessaire, afin de sauver les finances du Royaume, de réformer le système fiscal, non seulement en levant de nouveaux impôts mais aussi en augmentant le nombre de contribuables. A cet égard, la Révolution n'a pas, comme on le dit souvent, débuté comme une révolte de la bourgeoise, laquelle payait des impôts, mais comme une révolte de ceux qui n’en payaient point, les aristocrates et le clergé, crispés sur leurs privilèges (1787-1788). La Révolution s’emballera bien vite et échappera à ses premiers laudateurs pour devenir bientôt, dans un véritable bain de sang, bourgeoise dès l’été 89, populaire en 93 puis à nouveau bourgeoise après le 9 Thermidor (27 juillet 94).

 

La banqueroute des 2/3, mais aussi la guerre (en particulier le pillage en règle de l’Italie par Bonaparte), règlera en partie le problème de la dette. Mais la France aura retenu la leçon : la dette, lorsqu’elle atteint des niveaux insupportables, conduit au pire : à la révolution, à la banqueroute, à la guerre.

 

On ne l’y reprendrait plus. Et durant les deux siècles qui suivirent, la maitrise de la dette demeura en effet une préoccupation constante.

 

Jusqu’à aujourd’hui….

 

Une dette, un bulletin de vote

 

La dette de la France atteint désormais le montant astronomique de 2.160 milliards, ce qui représente presque 100% de son PIB! En 1980, elle représentait 20% du PIB, 35% en 1990, 60% en 2002 et 85% en 2011. Chaque seconde, la France emprunte presque 3.000 euros...

 

Nos finances publiques apparaissent aujourd'hui dans un état bien pire que celui qui prévalait à la veille de la Révolution (1). La dette est devenue le problème principal d'une France dont l'économie est désormais exsangue. Elle est LE problème. Celui qui engage le destin national. Celui qui conditionne le futur de nos enfants. Notons que si le service de la dette ne nous étrangle pas encore, une hausse des taux d’intérêts (qui ne devrait d'ailleurs plus tarder) rendrait les difficultés bientôt insurmontables et nous plongerait irrémédiablement dans un abime à la grecque.

 

Un tel constat devrait imposer, pour espérer éviter le trio infernal (révolution, banqueroute, guerre), des réformes d’une vigueur particulièrement exceptionnelle, une mobilisation générale, sinon un consensus salvateur, au moins s’agissant du diagnostic.

 

Pour régler le problème de la dette, les solutions ne sont pas légion : la banqueroute (méthode utilisée en 1797), la guerre (méthode utilisée au même moment par Bonaparte), l’inflation et enfin l’excèdent budgétaire.

 

La banqueroute, si elle était encore possible en 1797, ne l’est plus aujourd’hui. Elle signifierait en effet la perte immédiate et totale de la confiance des investisseurs, et donc l’impossibilité d’emprunter à l’avenir, à tout le moins à des taux supportables.

 

L’inflation, quant à elle, réduit mécaniquement le montant nominal de la dette. Elle suppose toutefois que la dette ne soit pas indexée sur l’inflation (ce qui est souvent le cas) mais surtout que nous maitrisions notre monnaie. A cet égard, si la sortie de l’euro pourrait nous redonner des marges de manœuvre en matière d’inflation, les autres effets sur notre économie seraient particulièrement désastreux. Oublions donc l’inflation.

 

Ainsi, si l’on veut éviter la guerre, l’excédent budgétaire apparait comme la seule solution sérieuse et efficace.

 

Le choix du candidat à l’élection présidentielle devient alors assez clair : il doit se porter sur celui dont le programme permettra, à moyen terme, un excédent budgétaire.

 

Quant aux méthodes pour y parvenir, elles sont cruellement simples et à la portée du premier ménage venu: augmentation des recettes, baisse des dépenses.

 

Quelles sont en ce domaine les positions des principaux candidats ?

 

Macron annonce fièrement qu’il maintiendra un déficit budgétaire au-dessous de la barre Maastrichtienne des 3%. Mais comment réduire la dette si on l’augmente chaque année ? Ce n’est tout simplement pas sérieux. C’est surtout en ligne avec les politiques économiques conduites depuis 30 ans, c'est à dire celles qui nous ont précisément conduits au bord du gouffre. Surtout ne rien changer, ne rien faire, rester paralysé, comme un chevreuil imbécile pris dans les phares d'une voiture.

 

Quant aux socialistes, au FN et autres « front de gauche », l’Etat doit encore renforcer un peu plus son poids dans l’économie. On croit rêver, ou plutôt cauchemarder.

 

Même Bayrou, autrefois le chantre de la lutte contre les déficits, n’en parle plus.

 

En réalité, quoiqu’on pense de l’homme, seul François Fillon propose un programme qui répond à l’impérieuse nécessité d’une lutte sérieuse et pérenne contre les déficits. En réduisant le poids de l’état dans notre économie, c’est-à-dire en agissant sur les dépenses (la fameuse suppression des 500.000 fonctionnaires en est une bonne illustration) et en redressant la compétitivité de notre économie, c’est-à-dire en agissant sur les recettes (la suppression des 35h en est également un bon exemple).

 

Bref, ce sera Fillon…. ou bien la banqueroute, la révolution et…. la guerre!

 

 

(1) https://www.youtube.com/watch?v=JmbqGFkrz8o

 

 

(2) Même si les comparaisons sont particulièrement difficiles, certains estiment que la dette de la France en 1789 représentait environ 80% de son PIB.

Rédigé par Duacsap

Publié dans #Politique, #Histoire, #Economie

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Tout à fait d'accord avec vous sauf que je préfère de Gaulle à Bonaparte sachant que les époques n'étaient pas les mêmes.<br /> Pour Mr Fillon il me semble qu'une erreur est d'avoir fait croire aux gens en une vertu qui finalement ne s'applique pas aux puissants, à tort ou à raison, ce qui a pu engendrer une incompréhension pour ceux qui y croyaient encore, où qui voulaient encore y croire à cette vertu. Erreur sur laquelle les autres se sont jetés comme un chien enragé sur un os à ronger en oubliant de parler de l'essentiel c'est à dire des actions à mettre en place pour nous sortir du marasme actuel. Peut être il faudrait expliquer que la politique ne peut pas être vertueuse il me semble que nous pouvons le comprendre ? mais c'est sans doute trop dangereux.<br /> J'espère que les candidats à cette élection vont enfin nous parler de notre Pays sans doute certains redoutent cet instant et préfèrent nous intoxiquer avec toutes ces histoires. Je crois néanmoins profondément que seuls les grands hommes sont capables de porter de l'espoir et de faire s'accomplir de grandes choses dans lesquelles ont croit et que malheureusement actuellement je n'en vois plus aucun, nous ferons donc avec le moins pire.
Répondre
M
Merci pour cette explication très claire.<br /> Encore faut t'il que tout le monde se mette au régime et que nos dirigeants montrent l'exemple, Mr Fillon en est t'il capable ? comment demander des sacrifices sans se les appliquer à minima et au moins montrer l'exemple le peuple à besoin d'un guide en qui il peut croire et malheureusement je n'en vois aucun qui donne envie de se battre.
Répondre
C
C'est certain... nous n'avons ni Bonaparte ni De Gaulle sous la main. Mais le choix ne doit-il pas plutôt porter sur le fond? Je crois que la moralité de nos gouvernants m’importe bien moins que leur capacité à redresser le pays, dans l’intérêt général. Je préfère 1.000 fois Mazarin, qui a fait de la France la première puissance mondiale tout en s'enrichissant considérablement (en piquant dans la caisse), que Robespierre, l'incorruptible vertueux qui a mené la France au chaos... Mais c'est un point de vue très personnel dont je comprends parfaitement qu'il ne soit pas partagé.