J’achève ces jours-ci la lecture des « Secrets de l’Univers » d’Hubert Reeves. Paru en mars dans la collection « Bouquins », il s'agit de la réunion de plusieurs de ses ouvrages : L’Heure de s’enivrer, Dernières Nouvelles du cosmos, Patience dans l'azur et Chroniques des atomes et des galaxies.

Cette lecture n’est pas toujours facile, bien que Reeves, comme à son habitude, se révèle particulièrement clair et pédagogue.

Pour les curieux dans mon genre, ce type de livres est une puissante invitation au rêve, voir à la métaphysique. Il est à rapprocher des précédents ouvrages de l’auteur, comme Poussières d’étoile, ou bien de certains livres de Trinh Xuan Thuan, comme Origines.

Parfois, plutôt qu’un véritable émerveillement, la révélation des secrets de l’univers, de ses dimensions, de ses mystères, de ses phénomènes extravagants, provoque un étrange sentiment de vertige, sinon une légère mais persistante angoisse.

Comment ne pas être fasciné par tous ces objets stellaires plus ou moins baroques dont les propriétés dépassent l’entendement ?

Comment ainsi se représenter mentalement un pulsar, étoile minuscule (quelque 10aines de kilomètre de diamètre) et cadavre de supernovæ (une étoile ayant explosé) à la densité délirante (une cuillère à café d’un pulsar pèserait environ 10 milliards de tonnes), tournant sur lui-même jusqu’à plusieurs milliers de fois par seconde ?

Comment imaginer un quasar, sorte de noyau galactique dont la luminosité peut dépasser plusieurs centaines de millions de fois celle du soleil ?

Le même trouble nous saisit à l’évocation des trous noirs, des amas de galaxie, des nuages interstellaires et autres pouponnières d’étoiles.

Et puis certains phénomènes physiques sont parfois tellement déroutants qu’il faut un temps de réflexion pour en comprendre la signification, puis des années pour en saisir la portée et enfin toute une vie pour en apprécier la poésie.

Ainsi en est-il de la relativité et de ses conséquences. Une de celle-ci énonce que, plus on va vite, plus le temps s’écoule lentement. A la vitesse de la lumière, le temps ne s’écoule plus du tout. Déroutant….

De même s’agissant des théories du Big Bang. Imaginons qu’au moment de ce fameux Big Bang, l’intégralité de la matière composant l’univers était concentrée en un point d’une taille tellement infime que, là aussi, sa dimension dépasse l’entendement (des milliards de milliards de fois plus petit qu'un atome). Sa température comme sa densité étaient quasiment infinie (des milliards de milliards de fois plus chaud que notre soleil). Et avant, qu’y avait-il ? Une telle question a-t-elle-même un sens dans la mesure où le temps est pour ainsi dire créé par le Big Bang ?

Depuis, l’univers est en expansion. Mais en expansion dans quoi ? En réalité, l’univers ne s’étend pas dans « quelque chose d’autre ». L’univers n’a pas de frontière, il contient tout et il n’y a rien d’autre au delà. En s’étendant, il créé l’espace lui-même !

Reeves raconte, avec humanité et parfois malice, l’histoire et les mystères de cet univers. Passe avec aisance de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Même si le propos est parfois très (trop?) technique, si certains passages ont vieilli (certains des ouvrages ont été initialement publiés dans les années 80) l’astrophysicien franco-canadien aime faire apprendre et communique avec talent sa passion. Un enchantement...

Comme le disait poétiquement Pascal, le silence éternel des espaces infinis m’effraie… Mais, parfois, il provoque également en moi un sentiment de trouble plus ou moins euphorique, comme un bon vin provoque une légère et agréable ivresse….

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