Le Dictionnaire des Girouettes : pour une édition 2017!

Publié le 7 Mars 2017

En 1815 paraissait une œuvre étonnante qui, bien que fort remarquable, demeure difficile à trouver aujourd’hui (quoique facilement consultable sur Gallica): le dictionnaire des girouettes.

Y figurent ces innombrables hommes politiques ayant retourné leur veste, une ou plusieurs fois, ayant changé de camp, la plupart du temps par opportunisme, souvent par peur ou, qui sait peut-être, par plaisir. Ils nous ont laissé l’image de félons plus ou moins magnifiques, plus ou moins minables. Les champions toutes catégories sont bien évidemment Fouché et Talleyrand, le vice et le crime, grandes figures historiques de la trahison, au point d’élever le parjure et la duperie en art.

Les élections présidentielles de 2017 me semblent être une bonne occasion de mettre à jour un tel dictionnaire. Bayrou y aurait évidemment une place de choix. Chez lui aussi, la trahison est un délice d’esthète. Presqu’une seconde nature. Lemaire ferait bien-sûr l’objet d’une notice. "Le plus rapide à se rallier, le plus rapide à se défiler". D’autres seraient plus modestement mentionnés. Je pense à nombres de centristes mais aussi à Pecresse, dont les louvoiements sont subtils, à Estrosi ou encore à ces innombrables socialistes qui, sentant les périls, rallient le panache rose de Macron. Et puis, bien-sur, la fine fleur de la chiraquie ne serait pas oubliée. D’abord le grand Jacques lui-même (VGE enrage encore…) mais aussi ses héritiers, Debré, Juppé, Copé, Guaino, personnages aigris et méchants, toujours prêts à saborder leur propre camp, sans le moindre souci de l’intérêt général. C’est d’ailleurs le propre de la girouette. La girouette se moque de l’intérêt du pays. Ce qui lui importe, c’est le sens du vent,  et par conséquent la direction qu’elle va prendre à son seul profit.

Le dictionnaire des girouettes a été publié à la fin du premier du 1er empire, dont la dernière année fut l'occasion d'un magnifique concert de reniements en tous genres. A bien des égards, les péripéties de la campagne me font d'ailleurs penser aux évènements de Fontainebleau, lorsque Napoléon, en avril 1814, dû abdiquer sous la pression insistante de ses généraux, malgré sa volonté farouche de résister à l'ennemi. Ceux que l'empereur avait fait, qui lui devaient tout ou presque, le lâchèrent, pour certains le trahirent (Marmont au premier chef) et firent bientôt allégeance à Louis 18. On sait ce qu'il advint par la suite. Le débarquement de l'Ile d'Elbe moins d'un an plus tard, le vol de l'aigle, depuis Golfe Juan jusqu'aux Tuileries et, bientôt, les ralliements des anciens félons (Ney, Soult, Grouchy, Lefevre, Brune, Jourdan etc.) (1).

Malheureusement, l'épopée prit fin dans les mornes plaines de Waterloo. Espérons que l'avenir du pays ne soit pas aussi sombre...

 

(1) Parmi les grands généraux et maréchaux (mais il est vrai à des degrés très divers):

  • Seront restés fidèles  jusqu'au bout: Drouot, Bertrand, Davout, Exelmans, Molitor, Vandame, Caulincourt.
  • Auront trahi avant 1814 : Bernadotte et Murat.
  • Auront rallié définitivement Louis 18 en 1814 (voir trahi): Marmont, Berthier, Augereau, Massena, Victor, Oudinot, MacDonald, Clarke.
  • Auront d'abord rallié Louis 18 puis à nouveau l'empereur lors des 100 jours: Ney, Soult, Grouchy, Lefevre, Brune, Jourdan, Moncey et Kellerman (les deux derniers de façon peu active il est vrai).
  • Auront rallié Louis 18 en 1814, puis Napoélon en 1815 puis à nouveau la monarchie après Waterloo : Soult, Jourdan

On notera que parmi les 26 maréchaux d’empire, 19 ont un boulevard à leur nom. Les exclus sont parfois d’authentiques traitres (Marmont et Bernadotte, qui n’ont même pas de voie à leur nom). Grouchy est rendu responsable de Waterloo, à tort ou à raison. D’autres, comme Moncey, auraient mérité beaucoup mieux. Ce dernier a il est vrai une très belle statue Place de Clichy (2). Augerau, Perignon, Oudinot auront, quant à eux, une rue à leur nom.

 

(2) On peut saluer à la fois sa conduite héroique lors de la défense de Paris en 1814 et son comportement digne lors du procès de Ney. Il refusa en effet de juger son ancien compagnon d'armes et fut envoyé en prison au fort de Ham. La suite ridiculsa le pouvoir : le commandant prussien du fort refusa de jeter le  Maréchal en prison et ce dernier, souhaitant laver son honneur en purgeant sa peine, se constitua prisonnier lui-meme en s'installant dans l'hotel en face. La troupe lui rendit les honneurs tous les soirs!!

 
 

Rédigé par Duacsap

Publié dans #Politique, #Histoire

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