Le Coup d'Etat Imminent

Publié le 9 Mars 2017

Nombreux ceux sont qui s’interrogent sur l’existence d’un véritable coup d’état qui se déroulerait, en ce moment même, sous nos yeux. Coup d’état ou non et sans revenir ni sur le fond de l’affaire, ni sur l’analyse juridique des faits (non avérés à ce jour, faut-il le rappeler) ou leur appréciation morale (1) il semble bien qu’il faille être sacrément de mauvaise foi pour ne pas s’interroger très sérieusement sur l’existence d’une incroyable manipulation médiatico-judiciaire de l'opinion. La réalité de celle-ci ferait ressembler la France à une vulgaire république bananière, dans laquelle la justice, au mieux est instrumentalisée, au pire joue un rôle actif dans les entreprises de déstabilisation politique.

 

Les indices d’une telle manipulation sont nombreux et je me propose d’en dresser une liste, qui quoique déjà fort longue, n’est probablement pas exhaustive :

 

  1. révélations qui surviennent à seulement 3 mois des élections, pour des faits connus depuis longtemps, alors même que les électeurs de droite ont déjà choisi leur candidat. On peut être presque certains que, si un autre candidat était sorti des urnes de la primaire, non seulement ce dernier aurait subi une campagne similaire, mais aussi l’affaire Fillon ne serait jamais sortie ;
  2. rythme extrêmement régulier des révélations, comme si l’on souhaitait maintenir une pression médiatique quasi-permanente (on sait combien la très versatile opinion, si elle n’est pas tenue en haleine, peut vite oublier une affaire pour se saisir promptement d’un autre sujet) ;
  3. auto-saisine du PNF sur des bases juridiques à tout le moins discutables ;
  4. rapidité effarante d’une telle auto-saisine mais aussi des investigations et de la convocation des juges d’instruction, dans une affaire dont l’urgence absolue est difficilement justifiable et alors même que la justice est d’une lenteur habituellement accablante ;
  5. partialité flagrante de médias dont les patrons soutiennent, plus ou moins ostensiblement, un concurrent (en particulier le Monde, premier bénéficiaire de certaines fuites, mais aussi BFM, l’Express et autres RMC) ;
  6. déchaînement quotidien des mêmes médias avec une violence parfois inouïe, au mépris total de la présomption d’innocence ou de la neutralité éditoriale (qui devrait prévaloir au moins s’agissant du service public) ;
  7. rôle trouble du PNF, création récente et opportune du pouvoir actuel et sous la dépendance, qu’on le veuille ou non, de celui-ci (sans même évoquer la proximité idéologique de sa présidente avec le pouvoir en place, ni la nomination de la quasi intégralité de ses membres par Madame Taubira) ;
  8. convocation en vue d’une mise en examen dans des conditions pour le moins inhabituelles (rapidité extrême mais surtout avant même que les investigations ne soient conduites, ce qui est du presque jamais vu) ;
  9. violations répétées et flagrantes du secret de l’instruction, allant jusqu’à la publication dans la presse du contenu des procès-verbaux d’audition dès le lendemain de celles-ci. Faut-il rappeler qu’il s’agit là d’une violation très grave qui ne peut émaner que du PNF lui-même ou de la police ?
  10. absence d’ouverture d’une enquête concernant de telles fuites. Mais pourquoi diable la police et les magistrats, si prompts à enquêter sur des faits seulement présumés, ne s’intéressent-t-ils pas à des faits clairement avérés ?
  11. date prévue pour une telle mise en examen (3 jours avant les candidatures officielles) ;
  12. simultanéité des affaires similaires subies par Marine Le Pen pour des faits également anciens et connus depuis longtemps, rendant suspecte l’accélération subite du rythme judiciaire dirigée contre l’autre candidat en position favorable;
  13. existence de précédents très récents qui semblent démontrer que la tactique utilisée contre Fillon n’est en réalité pas nouvelle et a une fâcheuse tendance à devenir, pour un camp manifestement aux abois, une vilaine habitude. La réactivation des affaires contre Sarkozy aux moments opportuns procédait de la même tactique (voir la réapparition extrêmement bruyante et subite de l’affaire libyenne lors des dernières élections régionales (la semaine la précédant), avant que l’intérêt pour une telle affaire ne disparaisse tout aussi subitement après lesdites élections ;
  14. choix très opportun du juge Tournaire (déjà très impliqué dans les affaires Sarkozy). Pourquoi lui et pas le juge Van Ruymbeke, qui avait contesté les positions de Tournaire au moment du renvoi de Sarkozy devant les juges ?
  15. rôle trouble du canard enchaîné, déjà à l’initiative de campagnes semblables dans l’histoire récente des élections présidentielles (contre Chaban et VGE en particulier), avec le succès que l’on sait ;
  16. faiblesse suspecte des attaques médiatico-judiciaires contre Macron, pour qui il y aurait pourtant énormément de chose à dire, poussant à s’interroger sur un véritable « deux poids, deux mesures » ou plutôt le caractère partisan du choix des cibles médiatico-judiciaires;
  17. apparition très récente de nouvelles affaires qui n’en sont pas vraiment (cf le prêt de 50.000 euros), comme si l’on raclait les fonds de tiroir afin de tenter d’entretenir la flamme;
  18. CSA qui, maintenant, soutient sans rougir que Fillon bénéficie d’un temps de parole anormalement élevé dans les médias (on atteint là un degré de perversité et de cynisme assez inouïs)
  19. existence d'une rumeur persistante concernant la mise en place début 2013 d'un cabinet noir à l'Elysée, destiné à manipuler les affaires politico-judiciaires (rumeur confirmée récemment par les journalistes Zemouri et Marteau);
  20. tentative d’ancrer dans l’opinion l’idée selon laquelle la justice ne doit jamais être mise en cause (bien pratique ça, pour bâillonner la défense). Alors quoi, les juges seraient les seuls à être parfaitement inattaquables, entièrement irresponsables ? Des sortes de demi-dieux intouchables, parés de toutes les vertus ? Faut-il rappeler, encore une fois, l’affaire du « mur des cons », les innombrables erreurs judiciaires, non-lieux et classements sans suite, mais aussi que tout est fait, dans nos codes de procédures, pour corriger les éventuels errements des juges (collégialité, jurys populaires, système de récusation, cour d‘appel, cour de cassation, conseil supérieur de la magistrature etc.) ce qui prouve que la loi et l’institution elles-mêmes conviennent que la justice n’est évidemment ni infaillible ni soustraite à la critique. Rappelons par ailleurs qu’en France, la justice n’est pas un pouvoir mais une autorité, qu’il n’y a pas de séparation organique entre elle et l’exécutif, et que rien (dans certaines limites toutefois (2)) ne la protège, pas plus d’ailleurs que nos parlementaires ou nos gouvernants, d’une appréciation qualitative, morale ou politique. Etant avocat, je sais de quoi je parle ! 

 

Rappelons enfin qu’en droit, des indices concordants, s’ils sont suffisamment nombreux, peuvent être constitutifs d’une preuve.

 

 

 

(1) Fillon n’était pas mon candidat et j’ai toujours eu des doutes à son sujet cf mon billet : http://moncap.over-blog.com/2016/09/fillon-l-audace-d-un-petit.html)

 

(2) Citons le cas particulier du discrédit public jeté sur un acte ou une décision de justice spécifique, réprimé expressément et de façon très circonscrite par l’article 434-25 du code pénal (article d’ailleurs peu utilisé, extrêmement délicat à manier (car à géométrie variable selon les intervenants et les circonstances) et puissamment contrebalancé par la liberté d’expression garantie par la CEDH).

Rédigé par Duacsap

Publié dans #Politique, #Droit

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